Pour préparer sa retraite, on peut croire au Père Noël, ou agir en ouvrant un Plan d'Epargne Retraite !
À l’approche de la fin d’année, le Plan d’Épargne Retraite (PER) s’impose comme un outil incontournable pour conjuguer préparation financière et avantage fiscal. En effet, chaque euro investi dans un PER vient réduire le revenu imposable de l’année, offrant ainsi un levier efficace pour diminuer l’impôt sur le revenu tout en construisant une épargne de long terme.
« La fiscalité est le principal moteur pour souscrire à un PER », confirme Bertrand Besson, expert en retraite au sein du cabinet BAYVET-BASSET. Au-delà de l’aspect retraite, le PER séduit pour sa capacité à alléger le fardeau fiscal. Les versements réalisés bénéficient d’une déduction plafonnée à 10 % des revenus d’activité de l’année précédente, avec un maximum fixé à 35 194 € pour les salariés et à 85 781 € pour les indépendants. Pour les contribuables à revenus modestes ou sans activité, une déduction plancher de 4 399 € est appliquée.
Un effet levier pour les tranches fiscales élevées
L’intérêt fiscal croît avec le taux marginal d’imposition (TMI). Par exemple, un versement de 5 000 € en 2024 permettrait de réduire l’impôt sur le revenu de 1 500 € à un TMI de 30 %, et jusqu’à 2 250 € à 45 %. Cependant, pour les TMI faibles (11 % ou moins), l’immobilisation des fonds jusqu’à la retraite peut limiter l’intérêt de l’opération.
Astuce : réinvestir l’économie fiscale réalisée sur le PER dans le même plan crée un cercle vertueux. Ainsi, une réduction d’impôt de 1 500 € peut générer un nouvel avantage fiscal de 450 € l’année suivante, et ainsi de suite, maximisant les bénéfices.
Des versements programmés pour une stratégie optimale
Pour sécuriser vos investissements et réduire les effets de la volatilité des marchés financiers, les experts recommandent de programmer des versements réguliers. « Cette approche permet d’amortir les fluctuations boursières tout en évitant d’oublier de remplir son plan », souligne Pauline Doyen, conseillère en gestion de patrimoine chez BAYVET-BASSET. Coupler ces versements programmés à des apports volontaires permet d’atteindre le plafond de déduction et d’optimiser pleinement les avantages fiscaux.
Enfin, la période déclarative au printemps est idéale pour ajuster et compléter vos versements, un moment stratégique où l’ampleur de l’impôt à venir motive à tirer parti du PER. Avec un tel dispositif, allier épargne retraite et optimisation fiscale n’a jamais été aussi accessible.
Gestion et fiscalité : l’envers du décor du Plan d’Épargne Retraite
Si le Plan d’Épargne Retraite (PER) séduit par ses avantages fiscaux à l’entrée, il n’est pas sans contraintes, notamment l’indisponibilité des fonds jusqu’à la retraite. Toutefois, cet horizon de placement à long terme peut devenir un atout pour maximiser le rendement grâce à une exposition mesurée au risque. La gestion à horizon, spécifique au PER, ajuste automatiquement le portefeuille selon le profil de risque de l’épargnant.
Dynamique au début, elle se sécurise progressivement à l’approche de la retraite, limitant ainsi l’exposition aux fluctuations des marchés. Mais cette stratégie, idéale pour les épargnants prudents, réduit naturellement les rendements à terme. Pour ceux privilégiant une gestion plus rémunératrice, la gestion pilotée peut offrir davantage de flexibilité en excluant la sécurisation systématique liée à l’âge.
Sortie du PER : attention au piège fiscal
Le véritable défi du PER apparaît au moment de la retraite, lors de la récupération des fonds. En optant pour une sortie en rente, vous vous assurez un revenu régulier à vie, mais avec un bémol : le montant mensuel reste modeste à moins d’avoir accumulé un capital conséquent. Par exemple, un épargnant disposant de 100 000 € sur son PER ne touchera que 300 € par mois, et ce capital est définitivement acquis à l’assureur en cas de décès prématuré.
La fiscalité de la rente est aussi à prendre en compte : ajoutée au revenu imposable, elle est soumise au barème progressif après un abattement de 10 %, auquel s’ajoutent des prélèvements sociaux pouvant atteindre 40 %. À contrario, la sortie en capital, souvent jugée plus souple, permet de mieux maîtriser la fiscalité en planifiant des retraits progressifs, évitant ainsi de franchir un seuil d’imposition plus élevé.
Succession : PER ou assurance vie ?
Lorsqu’il s’agit de transmission, le PER a des atouts souvent méconnus. Si le décès intervient avant 70 ans, chaque bénéficiaire peut profiter d’un abattement de 152 500 €, tandis que les montants supérieurs sont taxés à 20 % ou 31,25 %. Après 70 ans, l’abattement collectif chute à 30 500 €, et les droits de succession s’appliquent, contrairement à l’assurance vie qui exonère les plus-values pour les primes versées avant cet âge.
Un avantage clé du PER est qu’il échappe aux prélèvements sociaux sur les gains au moment du décès, contrairement à l’assurance vie. De plus, pour le conjoint survivant, le PER devient une véritable bouée de sauvetage fiscal : exonération des droits de succession, possibilité de déblocage anticipé des fonds, et conservation intégrale des plus-values. Ces dispositions renforcent l’intérêt du PER pour protéger ses proches, malgré une fiscalité jugée parfois complexe.
Un horizon incertain ?
L’avenir du PER n’est pas gravé dans le marbre. Alors que le gouvernement explore des solutions pour réduire les dépenses publiques, la fiscalité avantageuse du PER pourrait être revue. Dans ce contexte, il reste un produit pertinent pour préparer sa retraite tout en profitant des bénéfices fiscaux actuels, à condition de bien en maîtriser les contraintes et les subtilités.