Face à l'intensification des catastrophes naturelles liée au changement climatique, le secteur des assurances connaît une hausse spectaculaire des prix. En raison de la multiplication des événements climatiques extrêmes et des sinistres qu'ils engendrent, les réassureurs – ces compagnies qui assurent les assureurs – ont augmenté leurs tarifs de manière significative, cessant même de couvrir certains risques majeurs comme les inondations. Cette répercussion se traduit directement sur les tarifs des assurances habitation, impactant les particuliers et les entreprises. Alors que les négociations pour les contrats de 2025 battent leur plein, la question de l’avenir des coûts de l’assurance face à la crise climatique devient de plus en plus pressante.
Poursuite de la hausse des prix
Le phénomène de hausse des prix des assurances s'aggrave, notamment parce que, depuis 2023, la plupart des réassureurs ont choisi de se désengager des périls dits secondaires, pour se concentrer sur les catastrophes naturelles de grande ampleur, comme les tremblements de terre, les tempêtes européennes ou les ouragans. Certains professionnels de l’assurance pensent que le retour aux fondamentaux de la réassurance s'impose aujourd'hui comme une nécessité, en raison de la multiplication des sinistres d'intensité moyenne au cours des dernières années. Le rôle principal de la réassurance resterait de couvrir des événements rares, ce qui justifierait ce recentrage stratégique.
Ce changement stratégique s’explique aussi par des raisons techniques. Les réassureurs peinent à fixer des tarifs pour les risques liés aux inondations ou à la grêle, dont la fréquence et l'intensité augmentent avec le réchauffement climatique. En revanche, des phénomènes plus rares mais plus destructeurs, comme les ouragans, sont plus faciles à modéliser. Les hausses tarifaires devraient donc continuer, mais de manière plus ciblée. Une certaine modération est attendue en 2025, en raison d'une saison des ouragans moins intense que les années précédentes. Mais même avec une certaine stabilisation des tarifs, les prix des assurances pour les particuliers et les entreprises continueront d'augmenter, car les réassureurs resteront à l'écart des périls secondaires.
Les compagnies d’assurances devront donc absorber, en grande partie seules, les coûts grandissants des catastrophes climatiques. Au premier semestre, ces catastrophes ont causé 120 milliards de dollars de pertes économiques à l’échelle mondiale, dont 60 milliards ont été indemnisés par les assureurs. La majorité de ces pertes (42 milliards de dollars) était liée à des périls secondaires, comme les orages, tornades, grêle et fortes précipitations, désormais presque entièrement exclus des couvertures des réassureurs.
Avec le changement climatique, le coût des catastrophes naturelles pourrait encore doubler dans les dix prochaines années. Les assureurs devront continuer à répercuter cette inflation sur leurs tarifs. Et d’autres facteurs accentuent cette hausse : la croissance de l'urbanisation dans les grandes villes et les zones côtières accroît les dégâts en cas de tempête ou d’inondation, exposant de plus en plus de résidences et de bâtiments à des risques élevés sans que cela soit toujours pleinement pris en compte.
Vers une explosion des tarifs d'assurance dans les zones à risque
Les prix des assurances pourraient même tripler dans certaines régions. Bien que la concurrence entre assureurs en France limite pour l'instant des augmentations tarifaires trop importantes, la situation évolue rapidement. Dans les zones régulièrement touchées par des submersions marines ou des tempêtes violentes, de plus en plus de propriétaires peinent à assurer leur maison. Certains assureurs se sont retirés du marché, tandis que d'autres appliquent des hausses significatives de leurs tarifs.
À terme, la question de l’assurabilité des biens pourrait se poser de manière plus critique. En mai, une étude a révélé que, sous l'effet de l'inflation et des événements climatiques extrêmes, les primes d'assurances pourraient augmenter de 158 % en moyenne d'ici 2050 dans le pire des scénarios. Dans les régions particulièrement exposées, comme la Bretagne ou les côtes méditerranéennes, les tarifs pourraient même tripler, poussant certains ménages à renoncer à leur couverture faute de moyens. Si cette situation reste encore à éviter, pouvoirs publics et assureurs s'efforcent d'améliorer la mutualisation des risques, car le compte à rebours est déjà lancé.