Pic historique de l’absentéisme en 2022

14/09/2023
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Chiffres issus du baromètre de l’absentéisme et de l’engagement - AG2R-AYMING – 12/09/2023.

Les indemnisations journalières versées par la Sécurité sociale en cas d'arrêt maladie ont explosé en 2022. Cette situation, qui a fortement pesé sur les entreprises, conduit le gouvernement à adopter une attitude plus stricte.

Alors qu'une conférence sociale sur la problématique des bas salaires a été approuvée par le président en août dernier, une autre préoccupation s'impose de plus en plus à l'ordre du jour des chefs d'entreprise et du gouvernement : l'absentéisme. Si ce phénomène a connu une forte augmentation pendant la pandémie de Covid-19 en raison des quarantaines et des infections, le retour à la normale tarde à arriver. Plus inquiétant encore, loin de s'atténuer, ce problème semble prendre de l'ampleur.

47% des salariés ont été absents au moins 1 fois en 2022

En 2020, au cœur de la crise sanitaire liée à la Covid-19, le taux d'absentéisme s’élevait "seulement" à 41 %, c’est donc anormal qu’en 2022 il soit encore plus élevé. En outre, en 2022, la durée moyenne d'absence par salarié s'élevait à 24,5 jours sur l'ensemble de l'année. En combinant ces chiffres, pour une population active française d'environ 22 millions de salariés en CDI, cela signifierait qu'en moyenne, plus de 1,5 million de personnes ont été absentes tout au long de l'année ! On comprend aussi l’impact de l’absentéisme sur l'organisation des entreprises.

8,8 millions d’arrêts maladie

Face à l’ampleur du problème, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, annonce des mesures drastiques. Si l’on s'efforce de trouver des solutions pour réaliser des économies budgétaires, il faut également se pencher sur les dépenses liées à l’absentéisme. Le ministre de l'Économie s’est ainsi indigné lors des assises des finances publiques en juin, rappelant qu’en 2022, la France a enregistré 8,8 millions d'arrêts maladie, contre 6,4 millions il y a 10 ans.

Les IJ (indemnités journalières) versées par la Sécurité sociale en cas d'arrêt maladie ont atteint 15,7 milliards d'euros en 2022, soit une augmentation de 13 % par rapport à 2021 et une moyenne de 10,7 % par an entre 2019 et 2022.

Afin de freiner cette augmentation rapide, l'Assurance-maladie a intensifié ses contrôles auprès des médecins qui prescrivent de manière excessive, ce qui a suscité la colère de la profession médicale. En parallèle, le gouvernement envisage de responsabiliser les patients. L'une des mesures clés consisterait à rendre obligatoire pour tous (secteur public et privé) un délai de carence de trois jours en cas d'arrêt maladie, voire d'étendre ce délai à sept jours pour limiter les arrêts de courte durée.

Réfléchir à la source du problème

Une approche purement comptable du problème serait une erreur. Il y a bien sur un problème d'arrêts de travail injustifiés, mais il y a aussi des problèmes de bien-être et de mal-être au travail.

Les chefs d'entreprise sont ainsi appelés à s'investir davantage dans cette réflexion. D’autant que les disparités sont grandes entre les différents secteurs : l'industrie et la construction affichent des taux d'absentéisme parmi les plus bas (5,63%), malgré le fait qu'ils soient également parmi les plus exposés aux accidents du travail. Le secteur de la santé, lui, atteint 7,35 % et les services battent tous les records avec un taux de 7,65 % en 2022.

Il faut encourager les entreprises à aborder cette question dès le processus de recrutement. L'objectif est de comprendre ce qui compte pour le candidat et de lui expliquer ce qui est important pour l'entreprise, afin d'éviter les frictions une fois que la personne est embauchée, ce qui pourrait affecter l'ensemble de l'équipe.

De manière générale, l'accompagnement doit être repensé. Si une prise de conscience est visible pour les salariés revenant de longues absences, les arrêts plus courts sont souvent négligés. Or, les absences de courte durée, en particulier lorsqu'elles se répètent, peuvent être le signe avant-coureur d'une absence prolongée.

Les employés en poste méritent également une attention particulière. En effet, c'est souvent sur eux que repose la charge de travail que le salarié absent ne peut pas assumer, en particulier lors d'absences non compensées.

Pour les chefs d'entreprise, il en va également de la fidélisation des salariés et de la réduction du turn-over. Cet enjeu ne fera que prendre de l'importance à mesure que le taux de chômage diminuera et que les difficultés de recrutement s'accentueront.