Si le projet public de partage des données de santé est approuvé par la majorité des assureurs santé, ces derniers préfèrent prendre leur temps afin de mieux déceler les attentes des usagers.
Après avoir fait l’objet d’une phase d’expérimentation durant le deuxième semestre 2021, « Mon Espace Santé » est entré en vigueur au 1e janvier 2022, soit 17 ans après les travaux relatifs à la création du dossier médical personnel, devenu le « Dossier Médical Partagé ».
Créé à l’initiative du Ministère de la Santé et de la Caisse Nationale de l’Assurance Maladie, cet espace numérique individuel permet à chacun de pouvoir centraliser et gérer ses données en santé. Sa création est perçue comme une véritable révolution par un certains qui placent cet espace numérique au même rang que l’arrivée d’internet ou de la carte vitale.
Anciennement connu sous le nom d’Espace Numérique Santé (ENS), le MES comprend principalement 3 volets :
- Une messagerie sécurisée afin de faciliter les échanges d’informations et de documents relatifs au parcours de soins entre les assurés et les professionnels de santé
- Un agenda en ligne destiné à enregistrer les prises de rendez-vous médicaux
- Un catalogue d’applications et de services référencés : le « store »
Néanmoins, à l’heure actuelle, les assureurs santé doivent encore y adhérer. En effet, leur rôle est crucial s’agissant de MES puisqu’ils ont la possibilité de référencer, à condition qu’elles aient été labélisées par les autorités publiques, les applications qu’ils auront développées dans le « store » de l’espace numérique.
- Nouvelles potentialités.
S’il a été promis aux usagers de nombreux bénéfices grâce à cet espace numérique, ces derniers ne seront pas les seuls à en profiter. En effet, les assureurs santé pourraient également tirer profit de cet Espace Santé.
Ainsi, la cofondatrice d’OpusLine, Alix PRADERE, précise que si les assureurs santé ont fait de nombreux progrès dans leurs services, notamment en matière de prévention et de téléconsultation, certains aspects peuvent encore être améliorer tels que la personnalisation de leurs prestations, ou le fait de proposer ces dernières de manière proactive et au bon moment.
Grâce à MES, les démarches seront facilitées et plus pertinentes car automatisées. Ainsi, à condition d’avoir recueilli préalablement le consentement de l’assuré, l’espace santé de ces derniers devrait pouvoir être synchronisé avec l’application des assureurs.
On comprend bien les nombreux avantages que cela présente comme la transmission d’informations via le store au bon moment du parcours de soins comme le souligne Vanessa de Noose, directrice de la transformation de Swiss Life France.
Aussi, si certains assureurs étaient quelque peu réticents initialement quant aux perspectives de succès de MES en raison de l’échec relatif du Dossier Médical Partagé, c’est aujourd’hui la confiance qui l’emporte avec un véritable intérêt et une réelle mobilisation sur le sujet de la part des assureurs, comme l’affirme Véronique Cazals, directrice santé prévoyance du pôle assurances de personnes chez France Assureurs.
Cet engouement est conforté par le succès rencontré par la phase d’expérimentation du MES réalisée en 2021 dans 3 départements : ouverture de 3,3 millions d’espaces individuels et. 98% de retours positifs des béta-testeurs.
C’est pourquoi David Giblas, directeur général délégué chez Malakoff Humanis, affirme soutenir toute intiative publique dès lors qu’elle tend à « transformer le champ de la santé via les nouvelles technologies ». Il ajoute qu’à l’instar de la démarche réalisée dans le cadre du Health Data Club, Malakoff Humanis souhaite contribuer au développement du dispositif de MES en vue « d’améliorer sa visibilité et le développement de son usage ». Cette démarche s’inscrit dans le but d’apporter une réelle valeur ajoutée aux assurés et aux professionnels de santé grâce un référencement dans le store.
- Chacun son rythme.
Force est de constater qu’aujourd’hui, les assureurs santé n’avancent pas tous au même rythme.
En effet, si certains semblent prêts à s’engager rapidement, parfois motivés par la croyance d’être récompensés par une prime pour les premiers engagés, d’autres, au contraire, restent prudents sur le sujet. Pierre François, directeur général de Swiss Life Prévoyance et Santé explique cette retenue par le souhait d’avoir du recul sur la manière dont fonctionnera et sera perçu le MES par les Français avant de s’engager. Cette prise de position plus modérée est également justifiée par la volonté d’attendre que le MES soit enrichi de nouvelles fonctionnalités et/ou services clés tels que la signature électronique de documents ou encore la possibilité de visualiser des images.